Les droits humains

Tous les êtres humains naissent libres et égaux sur le plan de la dignité et des droits humains. Pourtant, la plupart des habitants des communautés rurales pauvres de l’Afrique subsaharienne ne savent même pas qu’ils ont ces droits. La première étape consiste à promouvoir ces droits et d’en discuter dans le contexte culturel de chaque village.

Les droits humains ne sont pas efficaces s’ils existent seulement en tant que concepts abstraits. Ce n’est que lorsqu’ils peuvent être reliés à la façon dont les gens vivent réellement leur vie qu’ils ont du pouvoir et du sens. Une éducation de base dans le cadre des droits humains crée une fondation pour l’égalité et encourage la participation des individus à un apprentissage pratique et adapté à leur culture.

Lorsque les femmes réalisent qu’elles ont le droit d’exprimer leurs opinions, et les hommes apprennent qu’ils ont la responsabilité de protéger ce droit, les femmes commencent à prendre la parole pour la première fois, souvent sur des sujets autrefois considérés tabou, avec leur mari ainsi que dans les tribunes publiques.

Une fois que la communauté réalise qu’un homme n’a pas le droit de battre sa femme, la violence domestique peut passer d’une situation banale et acceptée à une situation socialement inacceptable et découragée par la communauté – et ce, en très peu de temps.

Une fois que les gens deviennent plus habiles à discerner quelles actions protègent les droits humains et lesquelles les mettent à risque, les communautés commencent souvent à remettre en question les normes et les traditions de leur société. Avec une meilleure compréhension de l’importance de la protection des droits humains, les communautés sont mieux équipées pour prendre collectivement des décisions qui affectent le bien-être de chaque personne.

L’apprentissage du droit à la santé amène les communautés à remettre en question la pratique de l’excision et du mariage d’enfants, puisque ces pratiques menacent la santé des femmes et des filles et entraînent une augmentation de la mortalité infantile. À ce jour, plus de 8,000 communautés à travers l’Afrique ont abandonné l’excision, les mariages forcés et les mariages d’enfants après avoir acquis une connaissance approfondie de leurs droits fondamentaux grâce au programme PRCC de Tostan.

Visionnez une vidéo sur les alliés inattendus qui plaident pour mettre fin à l’excision.
(Vidéo disponible en anglais seulement)

Une fois que les communautés comprennent collectivement qu’une meilleure connaissance des droits humains s’accompagne de la responsabilité de défendre les droits d’autrui, les puissants comme les marginalisés peuvent revendiquer leurs droits et les promouvoir activement pour l’ensemble de la communauté.

Sachant que chaque personne a le droit de participer au gouvernement de son pays – que ce soit directement ou en votant – les communautés pauvres reconnaissent la valeur d’enregistrer les naissances, de participer aux élections et d’exiger des représentants du gouvernement qu’ils rendent des comptes. Ceci facilite un accès plus équitable aux services publiques. Grâce à Tostan, plus de 110,000 individus avec un accès limité à l’éducation formelle dans les zones rurales de l’Afrique subsaharienne ont acquis les connaissances essentielles et les compétences requises pour pouvoir prendre de bonnes décisions de gouvernance et appliquer les principes de la démocratie.

L’auto-gouvernance et la sensibilisation aux droits humains

Avec le Programme de Renforcement des Capacités Communautaires de Tostan (PRCC), les communautés sont introduites aux droits humains d’une manière holistique. Chaque aspect du curriculum éducatif de trois ans renforce l’apprentissage des droits humains universels. Les femmes représentent la majorité de ceux qui prennent les classes de Tostan. Au cours des sessions, chaque participant partage ses propres connaissances et compétences – tout en clamant haut et fort leur volonté pour le changement par le biais de la chanson, de la danse et de la narration.

Des comités de gestion communautaires sont formés démocratiquement à partir du programme Tostan, offrant un nouveau cadre pour la prise de décision dirigé par le village, et créant plusieurs opportunités pour mettre en pratique les connaissances nouvellement acquises. Des leaders femmes (et hommes) travaillent côte-à-côte avec le chef du village et le chef religieux de la communauté et prennent des décisions qui aideront la communauté à accomplir ses objectifs et à protéger les membres de la communauté sur le plan des droits humains.

La sensibilisation aux droits des enfants et aux diverses normes sociales, morales et juridiques qui affectent les enfants est un aspect qui est renforcé afin d’encourager les communautés à travailler ensemble pour protéger leurs enfants. Tostan organise aussi des campagnes de sensibilisation sur les droits de l’enfant. L’éducation aux droits humains encourage les jeunes à améliorer leur bien-être et à devenir les chefs communautaires engagés de demain. Tostan offre aussi aux jeunes un éventail d’opportunités, dont la participation à des conseils de jeunes, pour mettre en pratique leurs apprentissages et leurs aptitudes pour le leadership.

C’est en aidant les gens à avoir un impact durable dans leur propre communauté que Tostan alimente le changement social. En comblant les lacunes en matière d’éducation de base et en abordant de nombreuses questions qui se recoupent sous l’angle des droits humains, les communautés peuvent s’engager sur la voie du succès.

Avec notre soutien, les communautés peuvent ouvrir leur propre chemin vers un développement durable à long-terme, en commençant avec les éléments fondamentaux qui les aideront à se rapprocher de leur propre vision de l’avenir. Dans ces villages, le leadership ne provient pas du pouvoir ou des privilèges – il provient des gens de la communauté qui connaissent leurs droits humains et qui se sentent soutenus et encouragés à développer les outils nécessaires pour créer le changement.

Une intervention urgente est nécessaire pour protéger les droits des femmes et des filles

Il faut donner aux communautés l’éducation responsabilisante qui les aide à changer les pratiques acceptées qui nuisent aux femmes et aux filles. En Afrique subsaharienne, la violence entre partenaires intimes touche 36 % de la population. Les femmes africaines sont plus nombreuses à subir des violences de la part de leur partenaire au cours de leur vie (45,6 %) et des agressions sexuelles (11,9 %) que les femmes du reste du monde, à l’exception notable des pays à revenu élevé dans le cas du viol (12,6 % ; García-Moreno et al., 2013). Abus de partenaire, Volume 7, Numéro 3, 2016

Trop de violations des droits humains touchent les femmes et les enfants. Les victimes de violence domestique vivent non seulement une violation de leur droit à la sécurité mais sont souvent victimisées davantage à cause de leur accès limité à l’éducation, à l’emploi, ou à la représentation politique.

Témoignage d’une bénéficiaire — Marième

« Avant, mon mari ne me laissait jamais aller nulle part, je devais revenir à la maison chaque soir, peu importe les circonstances » dit Marième. « Si elle ne revenait pas à la maison à chaque soir, elle se faisait battre, » dit son mari, Souleymane. Maintenant, elle voyage à chaque mois dans des villages de sa région en tant qu’agente de mobilisation sociale (AMS) pour promouvoir le changement des normes sociales et l’amélioration des soins de santé. Elle a complété un séjour de six mois en Inde en tant qu’étudiante au Barefoot College où elle a appris à devenir une ingénieure en production d’énergie solaire, acquérant les connaissances et les compétences nécessaires pour installer et réparer les panneaux solaires. Elle continue à ce jour à maintenir l’équipement solaire dans son village et les régions avoisinantes.