Rédigé par Kelly Baxter
Kelly Baxter avec la coordinatrice du comité de gestion communautaire, Salimatou Sowe
Bonjour à tous nos donateurs et amis canadiens !
Je reviens de mon voyage annuel en Afrique de l’Ouest où se tient à chaque année la réunion du conseil d’administration de Tostan. Cette année, nous nous sommes rendus en Gambie où, en plus de la réunion du conseil d’administration, j’ai eu le privilège de visiter quelques villages qui avaient récemment achevé le Programme de Renforcement des Capacités Communautaires (PRCC) de Tostan, un programme d’une durée de 3 ans.
L’un des villages que nous avons visités était Santando Mawdo, un village peul d’environ 500 personnes, situé dans la région de l’Upper River en Gambie, à environ 8 heures de route de Banjul. Santando Mawdo vient de terminer le programme de Tostan cet automne, et le village avait hâte de partager son apprentissage et ses progrès avec nous. Voici quelques points forts de ma visite.
Santando Mawdo:
Une nouvelle vision, un nouvel Espoir
Assis en cercle avec les membres de Santando Mawdo, à l’ombre d’un énorme baobab, notre groupe de visiteurs est accueilli par le chef du village et l’imam du village qui nous guide dans la prière.
Pendant les deux heures qui suivent, nous écoutons les présentations des dirigeants de la communauté. Le chef du village, M. Makang Jaiteh, est très enthousiaste à l’idée de partager avec nous ce qui a changé dans le village depuis que le programme Tostan a été instauré. Il nous dit que l’un des changements les plus importants dans son village est la démocratie. M. Jaiteh explique que l’ensemble de la communauté a élu les 19 membres du comité de gestion communautaire (CGC), dont la majorité sont des femmes. Pour la première fois dans l’histoire du village, le CGC représente des hommes et des femmes qui travaillent ensemble.
“Cela a facilité mon travail”, nous dit-il, car la responsabilité du village est désormais partagée et, avec les femmes impliquées, les progrès sont plus importants. Le CGC prend en charge les responsabilités du village telles que l’éducation, l’environnement, la santé, la génération de revenus, les finances, la protection de l’enfance, la paix et la sécurité.
Avec un grand sourire, M. Jaiteh nous dit aussi avec fierté qu’il a suivi tous les cours de Tostan et qu’il sait maintenant lire et écrire dans sa propre langue. “Une fois que l’on donne les connaissances, on ne peut plus les reprendre”, dit-il.
Mme Binta Keita, un autre membre du comité de gestion communautaire, partage avec nous le tableau de visualisation de la communauté. Le tableau de visualisation est un élément clé du programme Tostan et c’est souvent la première fois qu’un village entier aspire à une vision commune et travaille ensemble pour atteindre les mêmes objectifs. La priorité majeure de Santando est d’apporter de l’eau potable au village, et un réseau de robinets a déjà été installé.
La priorité suivante est l’électricité, et suivant des négociations avec des représentants du gouvernement, l’électrification complète a été promise dans l’année. Mme Keita nous dit que le village prévoit également de construire une hutte de santé, car le centre de santé le plus proche est trop éloigné et il n’y a pas de soutien pour les grossesses.
Binta Keita, membre du conseil municipal, partage le tableau de visualisation de Santando.
Santando souhaite également investir dans la formation professionnelle des jeunes afin qu’ils puissent apprendre un métier et rester dans la région. Parmi les autres priorités, citons un jardin potager qui leur permettra d’avoir une bonne alimentation et de vendre le surplus pour obtenir un revenu supplémentaire, ainsi qu’une antenne pour permettre la connectivité des téléphones cellulaires.
“Nous n’allons pas nous asseoir”, nous dit Mme Keita. “Nous travaillerons jusqu’à ce que nous parvenions à concrétiser notre vision. Avant le programme Tostan, les femmes comme Binta Keita n’étaient pas invitées à parler à des visiteurs, et encore moins devant tout le village. Mais aujourd’hui, grâce à ses nouvelles connaissances et à la formation dispensée par Tostan, elle sait qu’elle a le droit de s’exprimer, elle a repris confiance en elle en participant aux cours et elle se sent à l’aise pour défendre les intérêts du village auprès des représentants du gouvernement local. Qui plus est, elle est soutenue par l’ensemble du village.
“Nous n’allons pas nous asseoir. Nous travaillerons jusqu’à ce que nous parvenions à concrétiser notre vision”.
– Binta Keita, membre du comité de gestion communautaire, Santando Mawdo
La coordinatrice du CGC, Mme Salimatou Sowe, nous parle d’autres réalisations de Santando. Elle nous dit qu’ils avaient l’habitude de retirer les filles de l’école à un jeune âge pour les marier, mais que maintenant les filles restent à l’école et ne sont plus mariées lorsqu’elles sont enfants. Et, souligne-t-elle, ce sont les deux parents qui soutiennent maintenant l’idée que leur enfant reste à l’école.
Elle nous dit aussi qu’ils ont appris ce qu’est la santé sexuelle et reproductive et qu’ils comprennent les dangers d’une grossesse précoce.
Les membres du CGC partagent avec nous le registre des fonds communautaires.
Mme Sowe nous parle également de leur compte bancaire communautaire, doté de 34 000 dalasi (monnaie locale), qui peut être prêté aux membres de la communauté avec un plan de remboursement sur six mois. Elle nous montre son registre manuscrit avec tous les prêts accordés et les conditions de remboursement. Le fonds communautaire est un élément clé du développement du village. Les femmes et les familles n’auraient autrement pas pu accéder au microcrédit, et le fonds permet également à la communauté d’accumuler des ressources communes pour les priorités de la communauté.
Mme Sowe nous montre également avec fierté leur collection d’actes de naissance. Désormais, tous les enfants sont enregistrés à la naissance, ce qui leur permet de bénéficier de l’école, des services de santé et du droit de vote lorsqu’ils seront plus âgés. Le village comprend que cette simple mesure est une condition préalable au respect et à la protection des droits de l’enfant.
Mme Sireng Baadeh, membre élue du Conseil national des femmes de l’Upper Fulladu, nous explique comment le programme de Tostan a bénéficié à des milliers de femmes dans la région. Avant l’établissement du programme de Tostan, Mme Baadeh nous dit qu’elle n’était pas à l’aise pour parler en public, mais l’éducation dispensée par Tostan lui a donné les outils et la confiance en soi nécessaires pour faire campagne en faveur des droits des femmes et pour se présenter à des élections nationales. Il y a maintenant des milliers et des milliers de femmes comme Mme Baadeh en Gambie, qui ont été élues à des postes publics au niveau local, régional et national.
“L’espoir rend la vie plus belle. Et Tostan nous donne de l’espoir”.
-Ousman Bah, Gouverneur de la Central River Region en Gambie
J’aimerais pouvoir exprimer avec des mots ce que l’on ressent lorsqu’on visite un village Tostan. Voir l’ensemble du village – femmes et hommes, adultes et jeunes – travailler ensemble à la réalisation d’une vision commune, tous outillés avec les connaissances et les compétences nécessaires pour diriger leur propre développement, prendre des décisions éclairées, et sentir que le changement est vraiment possible – est extrêmement émouvant et inspirant.
C’est ce qu’on appelle le leadership communautaire. Je l’ai remarqué à maintes reprises dans les villages Tostan. Le changement est transformationnel. Et durable.
Alors que vous envisagez de faire vos dons de fin d’année, joignez-vous à moi et investissez dans le changement transformationnel. Faites une différence durable dans la vie des femmes et des filles qui, tout comme nous, rêvent de prospérité et de bien-être pour elles-mêmes et leurs familles.